Les Certificats d'Économies d'Énergie pour l'industrie en 2025
Guide complet pour optimiser le financement de vos projets d'efficacité énergétique

Le fonctionnement des CEE dans l'industrie
Le dispositif des Certificats d'Économies d'Énergie (CEE) est un mécanisme réglementaire créé en 2006 qui oblige les fournisseurs d'énergie, appelés "obligés", à promouvoir activement l'efficacité énergétique auprès de leurs clients industriels.
Les fournisseurs d'énergie (électricité, gaz, fioul, carburants, GPL) doivent atteindre des objectifs d'économies d'énergie fixés par l'État. Pour la 5ème période (2022-2025), l'objectif total est fixé à 2 500 TWh cumac, soit une augmentation de 17% par rapport à la période précédente.
Pour remplir leurs obligations, les fournisseurs d'énergie disposent de plusieurs options :
- Inciter leurs clients industriels à réaliser des travaux d'efficacité énergétique
- Acheter des CEE sur le marché d'échange
- Investir directement dans des projets éligibles
L'unité de mesure utilisée est le kWh cumac, contraction de "cumulé" et "actualisé". Elle représente les économies d'énergie cumulées sur la durée de vie de l'équipement ou de l'action, avec une actualisation annuelle de 4% pour tenir compte de la perte d'efficacité dans le temps.
Pour le secteur industriel, le dispositif prévoit deux types d'opérations :
- Les opérations standardisées, définies par des fiches techniques avec des montants forfaitaires d'économies d'énergie
- Les opérations spécifiques pour les projets particuliers ou les sites soumis aux quotas CO2, nécessitant une étude détaillée
En cas de non-respect de leurs obligations, les fournisseurs s'exposent à une pénalité financière de 0,015 € par kWh cumac manquant. Ce mécanisme incitatif permet de garantir l'engagement des acteurs dans la réduction des consommations énergétiques industrielles.

Les travaux et opérations éligibles en 2025
Dans le secteur industriel, les opérations standardisées éligibles aux CEE sont réparties en trois grandes catégories, définies par des fiches techniques spécifiques validées par la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC).
La catégorie Utilités représente la majorité des fiches CEE industrie. Elle comprend notamment :
- La récupération de chaleur fatale sur différents équipements : groupes froids (IND-UT-117), tours aéroréfrigérantes (IND-BA-112), compresseurs d'air (IND-UT-103) et fours industriels (IND-UT-118)
- L'optimisation des systèmes de production : régulation des systèmes moto-régulés (IND-UT-136), régulation sur groupe froid à haute et basse pression flottante (IND-UT-115/116)
- L'amélioration des chaufferies industrielles : installation de brûleurs micro-modulants (IND-UT-105), économiseurs (IND-UT-104), condenseurs (IND-UT-130)
Pour la catégorie Enveloppe bâtimentaire, les opérations concernent principalement :
- L'isolation des points singuliers (IND-UT-121)
- La mise en place de systèmes de destratification ou brassage d'air (IND-BA-110)
- Le chauffage décentralisé performant (IND-BA-117)
La catégorie Équipements englobe des solutions comme :
- L'installation de presses à injecter tout électrique ou hybride (IND-UT-129)
- La mise en place de variation électronique de vitesse sur moteur asynchrone (IND-UT-102)
- L'installation de systèmes de stockage de chaleur fatale (IND-UT-139)
Pour être éligibles, les travaux doivent respecter des critères techniques précis définis dans chaque fiche d'opération standardisée. Ces fiches détaillent les conditions d'application, les performances minimales requises et le mode de calcul des économies d'énergie en kWh cumac. Les travaux doivent être réalisés par des professionnels qualifiés et faire l'objet d'une validation technique préalable.

Les opérations spécifiques CEE
Pour les projets qui ne correspondent pas aux fiches d'opérations standardisées ou pour les sites soumis au Plan National d'Affectation des Quotas CO2 (PNAQ), il existe une alternative : les opérations spécifiques CEE.
Contrairement aux opérations standards, le volume de CEE n'est pas forfaitaire mais calculé via une étude dédiée. Cette dernière détermine les gains énergétiques éligibles par rapport à une situation de référence. Une campagne de mesures post-travaux doit ensuite confirmer ces calculs.
Pour être éligible, un projet doit remplir deux conditions principales :
- Avoir un Temps de Retour Brut (TRB) supérieur à 3 ans, car le dispositif ne vise pas à financer des projets déjà rentables
- Le site doit être certifié ISO 50001 (management de l'énergie)
Le calcul du TRB s'effectue selon des règles précises :
- Prix des énergies basé sur la moyenne des 36 dernières factures
- Prix du CO2 fixé par l'administration (90,02 €/tCO2 en 2024, avec une augmentation annuelle pour favoriser les projets ambitieux)
Pour les installations soumises aux quotas CO2, l'éligibilité est possible depuis 2019 sous conditions spécifiques, notamment la certification ISO 50001 et le respect des critères de cogénération à haut rendement le cas échéant.
Montant et calcul de la prime CEE
Le calcul du montant des primes CEE repose sur deux éléments principaux : le volume de certificats en kWh cumac généré par l'opération et le prix unitaire du kWh cumac fixé par le marché.
Pour les opérations standardisées, le volume de CEE est défini de manière forfaitaire dans les fiches d'opérations. Ce montant est calculé en prenant en compte les économies d'énergie cumulées sur toute la durée de vie de l'équipement ou de l'action, avec une actualisation annuelle de 4% pour refléter la perte d'efficacité progressive.
En 2025, le prix du kWh cumac s'établit en moyenne à :
- 7,79 €/MWhc pour les CEE classiques
- 8,11 €/MWhc pour les CEE précarité
La prime finale peut être bonifiée dans certains cas spécifiques :
- Une majoration pour les sites certifiés ISO 50001
- Des bonifications "Coup de pouce" sur certaines opérations prioritaires
- Des bonus pour les opérations réalisées dans le cadre d'un Contrat de Performance Énergétique (CPE)
Le montant de la prime peut varier significativement selon les fournisseurs d'énergie, qui sont libres de définir leurs prix. Pour les industriels, la couverture de l'investissement par les CEE peut aller de 1% à 30% du montant total du projet. Il est donc recommandé de comparer les offres de plusieurs obligés ou délégataires.
La valorisation financière dépend également de facteurs comme la zone géographique (découpage en 3 zones climatiques) et le secteur d'activité. Les primes sont généralement plus élevées pour les opérations générant d'importantes économies d'énergie ou présentant un caractère innovant.
Pour optimiser le montant de la prime, il est conseillé de regrouper plusieurs opérations dans un même dossier de demande et de privilégier les actions bénéficiant de bonifications. Un accompagnement par un expert peut permettre d'identifier les leviers de maximisation des CEE.
Processus de demande des CEE
Les étapes clés pour obtenir des CEE
Pour bénéficier des Certificats d'Économies d'Énergie, les industriels doivent suivre un processus structuré en plusieurs étapes :
1. Phase préparatoire
- Vérifier l'éligibilité des travaux envisagés via les fiches d'opérations standardisées
- Réaliser une étude technique pour évaluer le potentiel d'économies d'énergie en kWh cumac
- Sélectionner un partenaire CEE (obligé ou délégataire) avant la signature des devis
2. Constitution du dossier
- Devis détaillé des travaux respectant les critères techniques des fiches CEE
- Attestation sur l'honneur signée par le bénéficiaire et le professionnel
- Justificatifs d'identité et documents administratifs (K-bis de moins de 3 mois)
- Preuve du rôle actif et incitatif du demandeur, antérieure au démarrage des travaux
3. Réalisation et validation
- Exécution des travaux par un professionnel qualifié RGE
- Collecte des factures acquittées et documents de réception des travaux
- Contrôle de conformité par un organisme accrédité si requis
- Dépôt du dossier complet auprès du Pôle National CEE
Le versement de la prime intervient généralement dans un délai de 2 à 3 mois après validation du dossier. Pour les opérations spécifiques, une campagne de mesures post-travaux est nécessaire pour confirmer les économies réalisées.
Il est recommandé de se faire accompagner par un expert CEE qui pourra optimiser le montage du dossier et sécuriser l'obtention de la prime. Le délai global entre l'initiation du projet et le versement est en moyenne de 6 à 8 mois.
Solutions de financement complémentaires
Les Certificats d'Économies d'Énergie peuvent être combinés avec d'autres dispositifs pour optimiser le financement de vos projets d'efficacité énergétique. Plusieurs solutions complémentaires s'offrent aux industriels.
Les subventions publiques constituent un premier levier important. L'ADEME propose notamment le Fonds Chaleur qui peut être cumulé avec les CEE depuis 2019 pour les projets de récupération de chaleur et d'énergies renouvelables. D'autres aides spécifiques existent pour financer les études technico-économiques ou la mise en place d'un système de management de l'énergie certifié ISO 50001.
Le tiers-financement permet quant à lui de préserver sa trésorerie avec plusieurs options :
- La location avec option d'achat, qui adapte les loyers aux gains énergétiques
- Le lease-back qui permet de céder puis relouer ses équipements
- Le Contrat de Performance Énergétique (CPE) qui inclut un engagement sur les économies réalisées
Ces solutions peuvent être agrégées de manière optimale selon vos besoins. Par exemple, vous pouvez coupler :
- CEE + location pour bénéficier de la souplesse des loyers sans sortie de trésorerie
- CEE + CPE pour obtenir une garantie sur les économies d'énergie
- CEE + CPE + location pour une solution technique et financière clé en main
Le montage financier peut être personnalisé selon vos enjeux de CAPEX/OPEX, de déconsolidation et de préservation de trésorerie. L'objectif est d'adapter la durée et les modalités de financement à la durée de vie des équipements et à leur usage.
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Les questions fréquentes
Le dispositif des Certificats d'Économies d'Énergie (CEE) est un mécanisme créé par la loi POPE (Programme fixant les Orientations de la Politique Énergétique) en 2006. Il constitue l'un des principaux instruments de la politique française en matière d'efficacité énergétique.
Principe et objectifs :
Ce dispositif repose sur une obligation de réalisation d'économies d'énergie imposée par les pouvoirs publics aux fournisseurs d'énergie appelés les 'obligés'. L'objectif principal est d'inciter les consommateurs d'énergie à réduire leur consommation via la mise en place d'actions d'économies d'énergie.
Fonctionnement :
Les fournisseurs d'énergie doivent promouvoir activement l'efficacité énergétique auprès des consommateurs : particuliers, collectivités territoriales ou professionnels. Les économies d'énergie sont mesurées en 'kWh cumac' (kilowattheures cumulés et actualisés), qui représentent les économies d'énergie générées sur la durée de vie des équipements.
Objectifs chiffrés :
Pour la 5ème période (2022-2025), l'objectif a été fixé à 2500 TWh cumac, démontrant l'ambition croissante du dispositif en matière d'économies d'énergie.
Mécanismes incitatifs et sanctions :
Le dispositif comprend deux volets :
- Des incitations : les 'obligés' peuvent proposer des aides financières aux consommateurs pour la réalisation de travaux d'économies d'énergie
- Des sanctions : en cas de non-respect des obligations, les fournisseurs d'énergie s'exposent à des pénalités financières, calculées par kWh cumac manquant
Les travaux industriels éligibles aux Certificats d'Économies d'Énergie (CEE) se répartissent en trois grandes catégories :
1. Utilités industrielles
- Récupération de chaleur fatale (IND-UT-117) : installation d'échangeurs thermiques sur les process industriels
- Optimisation des systèmes de production d'air comprimé (IND-UT-102) : mise en place de compresseurs performants
- Amélioration des chaufferies : installation de chaudières à haute performance (IND-UT-121) et systèmes de régulation
- Mise en place de moteurs haut rendement (IND-UT-114)
2. Enveloppe bâtimentaire
- Isolation des parois : toitures (IND-BA-112), murs (IND-BA-110) et planchers
- Installation de systèmes de brassage d'air (IND-BA-116) pour homogénéiser les températures
- Mise en place de portes sectionnelles isolées (IND-BA-114)
3. Équipements spécifiques
- Presses à injecter tout électrique ou hybride (IND-UT-129) : rendement énergétique minimum de 60%
- Variation électronique de vitesse (IND-UT-103) : sur pompes, ventilateurs et compresseurs
- Système de séchage performant (IND-UT-116) : technologie par déshumidification
Pour être éligibles, ces travaux doivent respecter des critères techniques précis définis dans les fiches d'opérations standardisées. Par exemple, les isolants doivent avoir une résistance thermique minimale, les équipements doivent atteindre des rendements spécifiques et les installations doivent être réalisées par des professionnels qualifiés.
Le dispositif des opérations spécifiques CEE (Certificats d'Économies d'Énergie) est un mécanisme permettant de valoriser les économies d'énergie dans l'industrie lorsque les opérations standardisées ne sont pas applicables. Voici son fonctionnement détaillé :
Cas d'application :
- Projets ne correspondant pas aux fiches d'opérations standardisées existantes
- Sites soumis au PNAQ (Plan National d'Allocation des Quotas)
- Opérations complexes nécessitant des calculs spécifiques
Conditions d'éligibilité :
- Temps de Retour Brut (TRB) supérieur à 3 ans
- Certification ISO 50001 requise pour l'entreprise
- Installation non concernée par les fiches standardisées
Méthodologie de calcul :
- Définition d'une situation de référence énergétique
- Calcul des économies d'énergie prévisionnelles
- Réalisation d'une campagne de mesures après travaux
- Vérification des économies réelles
Calcul du TRB :
- TRB = Investissement total / (Économies financières annuelles + Gain CO2)
- Prise en compte des prix des énergies selon les règles en vigueur
- Valorisation des émissions de CO2 évitées selon les cours du marché
La démarche nécessite généralement l'accompagnement d'un expert pour constituer le dossier technique et justifier les calculs d'économies d'énergie. Une fois validée, l'opération spécifique permet d'obtenir des CEE proportionnels aux économies d'énergie réalisées et vérifiées.
Le calcul des primes CEE (Certificats d'Économies d'Énergie) pour un projet industriel s'effectue en plusieurs étapes :
1. Calcul du volume de certificats
- Identification des fiches d'opérations standardisées applicables au projet
- Calcul du volume en kWh cumac selon les paramètres spécifiques de l'installation
- Le volume est déterminé par les formules de calcul propres à chaque fiche
2. Valorisation financière
- Multiplication du volume de kWh cumac par le prix unitaire du marché
- Prix de référence : 7,79 €/MWhc en 2025
- Le prix peut varier selon les négociations avec les obligés
3. Application des bonifications
- Bonification ISO 50001 : majoration possible si l'entreprise est certifiée
- Coup de pouce : bonus sur certaines opérations spécifiques
- Contrat de Performance Énergétique (CPE) : bonification supplémentaire possible
4. Évaluation du montant final
- Le taux de couverture varie entre 1% et 30% de l'investissement total
- Important de comparer les offres de différents obligés
- Négociation possible des conditions de valorisation
Recommandations
Pour optimiser le montant des primes CEE :
- Consulter plusieurs obligés pour comparer les offres
- Vérifier l'éligibilité aux différentes bonifications
- Constituer un dossier technique complet
- Anticiper la démarche avant le début des travaux
L'obtention des Certificats d'Économies d'Énergie (CEE) dans l'industrie suit un processus structuré en plusieurs phases :
1. Phase préparatoire (2-4 semaines) :
- Vérification de l'éligibilité du projet aux CEE
- Réalisation d'une étude technique approfondie des installations
- Identification des gisements d'économies d'énergie
- Sélection d'un partenaire CEE (obligé ou délégataire)
- Estimation du montant de la prime CEE
2. Constitution du dossier (3-6 semaines) :
- Collecte des devis détaillés des travaux envisagés
- Rassemblement des attestations sur l'honneur
- Préparation des documents administratifs requis (Kbis, bilans énergétiques)
- Validation technique des solutions proposées
- Signature de la convention avec le partenaire CEE
3. Réalisation et validation (2-6 mois) :
- Exécution des travaux par des professionnels certifiés RGE
- Mise en place des équipements conformes aux fiches standardisées
- Réalisation des contrôles de conformité si nécessaire
- Dépôt du dossier complet auprès du Pôle National CEE
- Suivi jusqu'à l'obtention définitive des certificats
Intérêt de l'accompagnement expert :
- Optimisation du montant des primes CEE
- Sécurisation juridique et technique du dossier
- Réduction des délais de traitement
- Assistance dans la relation avec les différents intervenants
- Maximisation des chances d'obtention des certificats
Le délai global moyen pour l'obtention des CEE varie de 4 à 8 mois selon la complexité du projet. Un accompagnement professionnel permet d'optimiser ce processus et de sécuriser l'obtention des primes.
Plusieurs solutions de financement peuvent être combinées avec les Certificats d'Économies d'Énergie (CEE) pour optimiser le financement des projets industriels :
1. Subventions publiques
- Le Fonds Chaleur de l'ADEME : destiné aux projets de production de chaleur renouvelable et de récupération d'énergie
- Les aides de l'ADEME : subventions pour les études de faisabilité et l'investissement dans des équipements performants
2. Solutions de tiers-financement
- Location avec option d'achat : permet d'étaler l'investissement tout en préservant la trésorerie
- Contrat de Performance Énergétique (CPE) : garantit contractuellement les économies d'énergie
- Lease-back : permet de céder des équipements existants puis de les relouer pour dégager de la trésorerie
3. Agrégation des solutions
- Mutualisation des projets pour atteindre des volumes plus importants
- Regroupement d'entreprises pour optimiser les financements
- Création de plateformes de financement participatif
Avantages et optimisation
- Préservation de la trésorerie de l'entreprise
- Adaptation des loyers aux gains énergétiques réalisés
- Réduction du temps de retour sur investissement
- Possibilité de financer des projets plus ambitieux
- Sécurisation du financement grâce à la diversification des sources
Le montage financier optimal dépendra des caractéristiques spécifiques de l'entreprise : sa capacité d'investissement, ses objectifs de performance énergétique, et sa stratégie financière globale.